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L'hymne à la boge

La boge, c'est un grand sac en toile de jute...Le texte  ci dessous, relate l'utilisation de cette boge dans un vocabulaire patoisant (français comportant des mots de patois francisés comme la boge).
Au début de la décennie des années cinquante, Mr Paul Suchon, instituteur à St Michel de Chabrillanoux de 1947 à 1955, imposa à ses élèves de CE ou CM la rédaction "Quel est selon toi, l'objet le plus utile à ton père? Pourquoi?


Pour l’un de ses élèves il n’y a pas eu d’hésitation, il décréta que l’objet le plus utile à son père était « la boge ». On peur imaginer la surprise, pour ne pas dire le découragement de notre cher instituteur lorsqu’il découvrit la prose de son petit protégé dont la copie de la rédaction a été reproduite ci-après,  qui sans être parfaitement fidèle à l’original, n’en exprime pas moins l’essentiel de  son contenu !

Malgré le béchard et le lichet (outils de jardinage pour retourner la terre), l’objet qui est le plus utile à mon père est la boge (grand sac en toile de jute). Vous croyez maître, que la boge ne sert qu’à remiser les tartifles (pommes de terre), les combales (variété de châtaignes) et les garinches (variété de châtaignes non greffées) hé bien pas du tout ; elle sert à beaucoup d’autre chose ! Mon père en met toujours une pour se protéger quand il plusique (faible pluie).Il en a toujours une accrochée à une pointe sous le calabert (hangar ouvert) ou posée sur le pressoir à la cave. Cà évite aussi que du purin dégouline dans son cou quand il charrie le fumier dans ses échanous  avec la besse (hotte) et le coulassou (coussin posé sur la nuque). L’inconvénient c’est que la boge peut l’entrabler (entraver) et qu’il risque de se barunler (tomber en roulant) ou de s’espanler (dégringoler). Mon père utilise toujours une boge en coussin et il s’assoie dessus quand il enchappe sa daille (aiguise sa faux). Quand il s’ajare (se baisse) pour greffer ses pêchers, il met aussi une boge pour éviter  de s’égraougner (s’écorcher) les genoux. Quand il fait sa sieste sous le tilleul il en met une sur le banc avant de se jaïre (se coucher) dessus mais çà le fait ronfler. Et pour ramasser le rebrou . Il utilise encore une boge accrochée à une branche. La boge pendole (suspendue négligemment) et elle est munie d’un cerceau en châtaigner pour la garder ouverte. On verse ensuite le rebrou dans le bourrin  pour le charrier.
La boge permet de transporter beaucoup de choses. Quand on va à la foire de St Sauveur du 5 septembre, on y met le petit cayou (cochon) tout migraillou (maigre) acheté après le marchandage, mais il n’est pas bien content et il couïne (crie) et repite (remue) pendant tout le trajet .La boge permet de remiser les feuilles de choux, les tatiflous (petites pommes de terre) et toutes les ploumailles (épluchures) pour pas qu’elles se pétafinent (s’abiment), et on peut les faire cuire dans la chaudière (grand récipient avec son foyer pour faire cuire la nourriture pour les cochons) ou dans la grande oule (marmite). Après on escachine (écrase) le tout dans le bachas (récipient pour la nourriture des bêtes) à l’aide du pestaillet (pilon) et cette bachassée (nourriture dans le récipient) permet de nourrir le cayou (cochon) qui s’est bien remplumé (a bien grossi) depuis le 5 septembre.
Quand les vaches font leur petit bouillou, (veau) la boge est très utile pour le tirer par les pattes car elles sont gluantes et çà glisse.
Avec quelques pataris (chiffons) de boge qui crame dans un bouffaïre (instrument pour attiser le feu) il n’y a  rien de mieux pour ensuquer (abasourdir) les abeilles et les rendre moins méchante. Quand elle fait sa lessive à la fontaine ma mère s’en sert aussi comme coussin sous ses genoux pour éviter qu’ils trempent dans le gouillassou (petite flaque d’eau) à cause de l’eau qui giscle (gicle). Moi aussi j’utilise une boge pour remiser et transporter mes babés (pommes de pin) après les avoir ramassés dans un billot (cageot).
A la vogue il y a des courses ou les enfants ont les jambes entrablées (entravées) et c’est le premier qui arrive qui gagne. L’hiver, on bouche aussi certains frachous (petites fenêtres avec ou sans carreau) pour pas que le froid rentre.
Ah, j’ai oublié que la boge sert aussi pour mettre la jagne quand on va faire la goutte. Pour moi, la boge est bien indispensable pour tous les travaux. Le seul inconvénient, c’est que les rats y font des trous et qu’on est obligé de la pétasser (raccommoder).

Le petit cahier revêtu d’un papier frictionné bleu, fut restitué à son propriétaire avec un certain nombre de mots soulignés à l’encre rouge et la mention passable dans la marge. On pouvait lire également l’annotation suivante : Bien pour l’observation et l’orthographe  mais il faut faire un sérieux effort pour t’exprimer en français.

Que de clémence et d’encouragements de la part du maître pour ce petit élève qui visiblement était déjà un récidiviste !      

 

Extrait d’un texte de Gérard Coste, ancien élève de l’école de St Michel de Chabrillanoux de 1949 à 1955


                      
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Pierre Pizot... Ardéchois solitaire d'un autre temps

 


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Ardéchois d'un autre temps...une vie simple dans un climat très rude l'hiver, Pierre nous livre sa façon de vivre, le confort et le progrès n'ont pas de place dans cette ferme isolée au pied du Mézenc...


Pierre Pizot, figure du Mézenc, s'est éteint à l'age de 85 ans...le dimanche 21 juillet 2013

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